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Remake de Link's Awakening : faut-il le réveiller ?

Des pavés dans la mer

21 février 2019

Le 13 février 2019 vers 23h35, soit moins d'une demi-heure avant la Saint-Valentin, mon cœur s'emballa plus que de raison. En quelques secondes à peine d'une cinématique au style très anime lançant l'ultime surprise d'un "Nintendo Direct" de plutôt bonne facture, le jeu le plus cher à mon cœur renaissait de la plus improbable des manières. Avant de succéder à des images de gameplay qui divisèrent instantanément tous les spectateurs, ce fut une bande-annonce des plus magiques qui s'offrit à nos yeux durant une quarantaine de secondes, faisant chavirer le rythme cardiaque du côté de la folie lorsqu'elle s'acheva sur un ultime plan sublimant l'île de Cocolint redessinée à la perfection. Nintendo nous dévoilait alors une nouvelle direction artistique incroyable pour ce que l'on devinait déjà comme le remake d'un jeu vidéo de légende, occupant une place si particulière dans le vécu de tant de joueurs. Passée la claque unanime, une seconde moitié de trailer s'attardait alors sur un enchaînement de séquences in-game de cette "revisite" d'un titre que l'on n'attendait peut-être pas à retrouver sous cette apparence. The Legend of Zelda: Link's Awakening, jeu favori devant l'éternel de votre serviteur (si vous voulez savoir pourquoi, je rappelle que je lui ai écrit une véritable lettre d'amour), suscite désormais une certaine forme de controverse dans sa version "2019" ; je ne pouvais dès lors rester sans apporter ma contribution au(x) débat(s).



À propos de cet article :

 

J'aurais dû m'y attendre, mais ma réputation d'inconditionnel éperdument amoureux de The Legend of Zelda: Link's Awakening m'a valu bon nombre de questions concernant mon ressenti face à l'annonce de son remake prévu pour courant 2019 sur Nintendo Switch, aussi bien par messages privés ou SMS que sur Twitter. Il faut dire qu'en me "représentant" avec un tel combo avatar/bannière, et en louant ce petit titre Game Boy monochrome de 1993 comme le jeu de ma vie (littéralement), je m'exposais à ce type de requêtes légitimes. Aussi me permets-je de proposer un article un peu plus original que d'habitude, mélangeant des réponses aux questions m'ayant été posées (je ne pourrai hélas tous vous citer, surtout que je n'ai pas noté individuellement de qui pouvait venir chaque remarque) et mes propres réflexions, à froid, sur une annonce ne me laissant évidemment pas de marbre, et sur laquelle j'ai évidemment beaucoup à dire. Les captures d'écran ont également été réalisées par mes soins, isolant les différents plans du trailer d'annonce officiel pour illustrer au mieux ce vrai-faux aperçu. Sachez enfin que cet article a de fortes chances, sur la simple base de ses sous-entendus que j'essaierai d'être le moins maladroits possibles, de spoiler quelque peu l'intrigue du jeu : vous voilà prévenu(e)s !

 

 

 

 

Il serait de particulièrement mauvaise foi d'avancer qu'après une cinématique aussi exceptionnelle, m'ayant vraiment fait hurler un "Aaaaaaahhhhhhh !!!!!!!" absolument impossible à contenir, mêlant stupéfaction et joie intense, je ne suis pas également tombé des nues lors de la séquence dévoilant des images du gameplay que l'on attendait évidemment tou(te)s après un choc émotionnel aussi fort. Bien avant de revenir sur le choix d'un remake toujours en 2D, c'est d'abord du character design qu'est née la discorde. Oui, le parti pris d'un "nouveau Link" (au visage donnant l'impression d'un jouet type LEGO ou Playmobil) n'était ni attendu ni spécialement désiré (*), et peut vraiment surprendre et déplaire à toutes celles et ceux à qui cet opening aussi divin qu'audacieux laissait espérer "mieux que ça". Il m'a personnellement fallu plusieurs visionnages pour m'y faire, car si le premier ne m'a pas laissé spécialement le temps de me remettre de mes émotions – et que "live-tweeter" ce stream de Nintendo pour jeuxvideo.com, tâche sans trop d'embûches jusqu'ici, devenait subitement un improbable défi mettant à l'épreuve mon professionnalisme et la retenue de rigueur – ceux qui ont suivi, de plus en plus à froid, m'ont davantage permis de me faire une idée à ce niveau. Eh bien, figurez-vous que sans être conquis à 100% (je crois que personne ne l'est vraiment), mon appréciation toute personnelle de cette direction artistique surprenante tend vers le positif. Non, ce n'était pas celle dont je rêvais dans mes fantasmes de remake les plus fous (j'y reviendrai un peu plus bas), et je sais même désormais que je dois faire une croix sur la réalisation d'un rêve tout personnel qui, c'est désormais évident, ne sera jamais exaucé. Cependant, comme chacun sait, une équipe créative n'obéit qu'à ses propres idées et sa conception de l'environnement qu'elle veut mettre en scène, et certainement pas à une quelconque pression populaire : qu'une horde de fans connaisse une saga ou non, ce n'est pas à elle d'imposer quoi que ce soit, et elle doit bien au contraire s'accomoder de ce qui lui est proposé. Aussi, cherchons plutôt à analyser le pourquoi de ce parti pris de la part de Nintendo dans sa réécriture du mythe : Link et les autres personnages ont effectivement l'air de jouets, notre lutin reconverti en héros légendaire malgré lui en tête, mais cette décision purement artistique doit-elle vraiment nous étonner ?

 

(*) Je ne résisterai pas à l'envie de citer ici un des commentaires les mieux "notés" de la vidéo YouTube officielle de Nintendo (traduit depuis l'anglais), d'une rare pertinence : "On ne va pas vous donner ce que vous voulez, on va vous donner ce que vous ne saviez pas que vous vouliez" (sic).

 

 

 

Tout d'abord, il convient de rappeler que l'île de Cocolint n'est pas un environnement comme les autres, et qu'elle se situe complètement à part dans la saga The Legend of Zelda. Placée (pour 99% de ce qu'elle raconte réellement) en marge d'une timeline officielle qui continue d'écharper les fidèles de la Triforce entre eux, l'histoire de Link's Awakening se situe dans un monde encore plus féérique que d'ordinaire, où pour rappel, il n'est absolument pas surprenant de retrouver des personnages tirés d'autres univers vidéoludiques, estampillés Nintendo ou non (la série Mario en tête, mais aussi Kirby… ou même Mr. Wright de SimCity). Une direction artistique spéciale se justifie alors on ne peut mieux, et si l'univers évidemment insulaire voire maritime entourant ce synopsis onirique et touchant aurait pu appeler à un retour de "Toon Link" (celui de The Wind Waker et Phantom Hourglass), il convenait de lui greffer une nouvelle identité totalement spécifique et inconnue, visant à rappeler que l'on n'est pas dans Hyrule et que les événements à venir n'ont rien de familier. C'est ainsi que naît ce "nouveau Link" unique en son genre, ne ressemblant à aucun autre, et à l'apparence radicalement différente de celle de cet anime divinement beau et élégant… n'appartenant pas forcément à la même réalité. Il est en effet possible, voire probable, que ce remake s'ouvre sur cette séquence cinématique bluffante de charme avant de laisser place au menu de sélection de la partie, et au fameux "réveil de Link" (sic) sur la plage au sud de Cocolint, sous sa forme in-game de jouet dont nous contrôlerons tous les mouvements, incarnant ce potentiel deus ex machina qui le maniera tel un pantin de bois jusqu'à l'accomplissement de sa destinée. Link sera notre jouet à nous, dans un environnement irréel et magique, dont l'exploration n'appartiendra qu'à nous, et ce durant les nombreuses heures qui le sépareront de l'achèvement de la quête que lui confiera le mystérieux hibou, consistant à réveiller le fameux Poisson-Rêve. Aussi, que cela plaise ou non, le choix de Nintendo n'est pas forcément anodin, et il est possible qu'il n'y ait même pas eu de manière plus intéressante (et osée) de représenter notre héros et son cadre de jeu.

 

 

 

 

Une autre interrogation, sans doute plus légitime et moins subjective, est venue à l'esprit de nombreux joueurs, l'auteur de ces lignes en tête : devait-on attendre le retour d'un titre comme Link's Awakening sur Nintendo Switch, et aurait-il dû se faire sous cette forme ? Assez sûr de moi en juillet 2018, j'évoquais déjà ma vision du sujet dans ma "critique" du titre original de 1993 : "un support comme la Nintendo 3DS […] constitua la source des fantasmes de nombreux joueurs espérant alors un remake moderne de celui que l'on considère unanimement comme le meilleur opus portable de la série – et bien entendu, toujours en traditionnelle vue du dessus comme le fit par exemple A Link Between Worlds en 2013". Le ton était donné : si remake il devait y avoir, celui-ci nécessitait de se faire sur support nomade, et la 3DS avait tout de la terre d'accueil idéale pour un tel projet, surtout si elle exploitait le moteur de l'excellent "ALBW" clairement pensé pour cela. Après tout, ce dernier était une suite directe d'A Link to the Past, dont il convient de rappeler que Link's Awakening fut initialement envisagé comme un portage Game Boy avant de se trouver sa propre identité – réexploitant notamment des idées rejetées du titre culte de la Super Nintendo, comme l'œuf géant au sommet de la montagne. Néanmoins, en jouant au très joli (bien qu'imparfait) RiME il y a deux mois et demie de cela (cf. ma review), une idée plus folle me vint alors en tête devant son introduction semblable à celle de mon jeu vidéo favori de tous les temps : Link's Awakening pouvait s'envisager sous forme de remake intégralement en trois dimensions si une réalisation intégralement en cel-shading, façon The Wind Waker donc, lui était apposée pour le remettre au goût du jour avec les moyens que la Nintendo Switch pouvait mettre à sa disposition. Un rêve fou, relevant carrément du fantasme ultime de joueur un peu esthète à ses heures perdues, cependant tué dans l'œuf (mais non, pas celui de la montagne) dès la première seconde de gameplay révélé, alors que la formidable cinématique d'introduction me fit croire en son improbable réalisation pendant une demi-minute. Il était sans doute trop ambitieux d'attendre de Nintendo qu'il recrée intégralement en 3D une œuvre initialement en deux dimensions et, qui plus est, en noir et blanc à l'origine. Cette rêverie sans limite de fan rejoindra dans les limbes l'espoir d'un Zelda adulte en haute définition comme aurait pu l'être, par exemple, un Twilight Princess totalement recréé de zéro avec le moteur graphique d'un Final Fantasy XV. Et peut-être que les regrets gonfleront encore un peu plus lorsque les séquences "cinématiques" d'époque, à l'instar de la plus légendaires de toutes mettant en scène Link et Marine "discutant" entre deux palmiers sur un banc, seront potentiellement recrées au format film d'animation (je vous avouerai que mon cœur a encore fait un bond en visualisant le truc). Hélas, ce n'est pas parce qu'on traite de la thématique du rêve que l'on doit trop en attendre…

 

 

 

 

C'est donc à une probable version très améliorée d'un remake 3DS maintes fois évoqué parmi les rumeurs persistantes que nous aurons finalement affaire. Faut-il s'en contenter avec une pointe de déception ou s'en satisfaire ? Nintendo semble signer, cette fois-ci, l'arrêt de mort de sa portable au cycle de vie proprement ahurissant (huit longues années, dont seule la dernière ne dépassa pas les sept millions et demi de ventes), au profit d'une Switch qui semble quand même de plus en plus forcer sur sa composante nomade au fil du temps. Si Astral Chain, le nouveau titre exclusif Switch de PlatinumGames, se posa clairement en jolie surprise pensée pour les deux façons de jouer à la console hybride de "Big N", l'annonce de ce "nouveau" Link's Awakening lui succéda tel un bon vieux "one more thing" concluant une présentation d'éditeur riche en émotions, un peu comme s'il s'agissait de son événement majeur. Tous les projecteurs devenaient alors braqués non pas sur ce qui n'était "qu'un énième remake de jeu culte" mais surtout, sur un titre résolument nomade dans son apparence et sa réalisation. S'il est très probable, pour ne pas dire évident, que le Link's Awakening de 2019 se vende par palettes (surtout si une édition limitée avec, au hasard, un amiibo de Marine et/ou un CD de la bande son réorchestrée, vient s'y joindre), il semblerait que Nintendo freine une fois de plus ses propres ambitions alors qu'on le sait tou(te)s capables de bien mieux encore. Une bonne vieille habitude un peu triste de sa part, qui nous a valu le downgrade aussi évident qu'initialement désagréable de Breath of the Wild, et qui incite à une très grande prudence quant aux potentiels risques que la société pourrait prendre avec ce remake ayant tout pour être délicieux, mais qui pourrait également très bien sentir le réchauffé et faire grincer des dents, même chez les fans les plus tolérants.

 

 

 

 

Parmi les interrogations majeures auxquelles n'a pas entièrement répondu ce trailer, aussi efficace que court, se trouvent la question de la fidélité à l'œuvre originelle… et celle des ajouts importants apportant une réelle plus-value à ce qui ne nous est (pour l'instant ?) présenté que comme un bon gros remaster avec une touche visuelle originale et sujette à débat. Si la première trouve partiellement sa réponse dans la disposition des différents éléments, absolument identique vingt-six ans après (et ce jusque dans un choix de coloris identique à la version "Deluxe" sortie sur Game Boy Color), le reste demeure totalement en suspens. Nous avons certes eu droit, le temps de deux secondes à peine, à l'affichage d'une boîte de dialogue mettant en scène le mystérieux hibou, en italique comme celles d'époque, et semblant jouer sur un registre de langue similaire ; cependant, après les modifications aussi incongrues que ridicules apportées par la version "DX" en comparaison de son aînée, une réserve évidente est de mise. Rien ne dit que le script de 1993 (ou, a minima, celui un peu trop retouché de 1998) sera de retour à l'identique, et que l'ensemble ne bénéficiera pas ici d'une réécriture extrêmement risquée. Côté version française, on rappellera en effet que le travail de feu Véronique Chantel constituait une des forces (presque involontaire !) d'un titre particulièrement soigné à ce niveau, mais blindé de formulations d'un autre temps que seuls les gamins ayant échangé des POG dans leur cour de récréation pourront encore apprécier. S'il semble inenvisageable que tout un tas de subtilités pleines de malice ne soient pas conservées comme telles ou dans un esprit proche – on pensera notamment au fait de voler un objet dans le magasin et à la conséquence que cela aura sur Link et son appellation – d'autres risquent fort d'être modifiées, et ce d'autant plus que ce remake cherchera très certainement à séduire un nouveau public n'ayant jamais joué à cette perle de la Game Boy, tout en jouant sur la corde sensible de la nostalgie auprès de nombreux autres qui y joueront quand même de toute façon. C'est sur cet entre-deux que le Link's Awakening version 2019 sera attendu et devra alors se distinguer : au-delà de la fidélisation et des modifications, qu'est-il surtout capable de créer, d'ajouter, d'améliorer… tout simplement, comment pourra-t-il réinventer le mythe ?

 

 

 

 

Il est plutôt logique d'attendre d'un remake qu'il modernise tout un tas d'éléments de l'œuvre initiale, afin de la remettre au goût du jour et de se confomer aux nouveaux standards en la matière ; en cela, les attentes envers celui de Link's Awakening sont assez différentes de celles que l'on pouvait placer en un Resident Evil 2, bien entendu. En choisissant d'opter pour une vue du dessus dont l'angle, les teintes et effets d'ombre, de lumière et notamment de flou rappellent l'excellent 3D Dot Game Heroes, Nintendo limite forcément les possibilités de révolution d'une création qui risque de rester très proche de l'originale sur bon nombre de ses bases. On en vient par ailleurs à se demander comment pourront bien être adaptées ces bonnes vieilles énigmes basées sur des labyrinthes uniquement dûs aux "tableaux uniques" du level design de 1993, vu que le défilement des écrans autrefois tous séparés (bien que connectés) semble évidemment bien moins strict et cloisonné dans cette nouvelle version. Côté contenu, il n'est pas excessif d'espérer un donjon supplémentaire, comme cela fut le cas avec la réédition colorisée de 1998, et avec un peu de chance un mode difficile (inclus d'office pour une fois, s'il vous plaît), mais on apprécierait évidemment un peu plus de "matériel" inédit, histoire de justifier ce qu'il serait bien trop douloureux de voir comme un remake paresseux. Autorisons-nous à rêver, par exemple, d'une "Master Quest" remodelant grandement l'intérieur des donjons et la position de leurs objets clés (et j'entends par là une vraie révolution de leurs emplacements, pas celle totalement incongrue et dénuée de pertinence de la version GBC…), des défis comme un boss rush ou une reprise du concept de la Tour de l'Escarmouche de "ALBW", pour ne citer que des évidences. Qui sait, peut-être que l'équipe derrière ce titre encore bien énigmatique à ce jour a plus d'un tour dans son sac, et ne se contentera pas de simplement recréer un jeu culte avec des assets contemporains et de lui apporter un litfing dont il n'avait pas tant besoin que cela. S'il est également évident que la spontanéité de jeu sera grandement améliorée grâce au grand nombre de touches à disposition, brisant par ailleurs un peu du génie du titre Game Boy se limitant à deux boutons d'action, le mystère quant aux potentiels apports reste donc entier. Enfin, un point important, pour ne pas dire essentiel quand on parle de Link's Awakening et d'une version revisitée enfin annoncée, reste cependant à évoquer : que va donc devenir la bande son d'exception du trio Hamano-Ishikawa-Totaka ?

 

 

 

 

Vous le savez déjà si vous avez lu ma review du jeu de 1993, et/ou si vous êtes un(e) fin(e) mélomane : la bande originale de The Legend of Zelda: Link's Awakening confine au sublime. Touchée par la grâce, cette musique jouant également un rôle crucial dans le gameplay du titre s'était vue offrir une réorchestration totalement non-officielle mais absolument divine en 2015, signée Jeremiah Sun. L'évolution technologique aidant, la Nintendo Switch est bien entendu capable de livrer à nos oreilles une réécriture orchestrale complète d'une des "OST" de jeux vidéo les plus merveilleuses qui soient, et pourquoi pas, de se rapprocher du génie de ce fan ayant réalisé le travail de toute une équipe de musiciens à lui seul en un an. La fin de la bande-annonce officielle nous laisse ici en compagnie d'un indice beaucoup plus intéressant que la nouvelle interprétation, toute gentillette et sans grandiloquence aucune, de l'overworld mondialement connu qui accompagne toute la séquence de jeu de 42 secondes que nous avons tant aimé disséquer jusque dans ses moindres recoins. Pendant quelques instants, l'écran noir affichant la date "2019" en lettres dorées, sans plus de précisions (parce que oui, on ne sait toujours pas quand il sortira exactement !), se laisse accompagner par ce que l'on identifie comme étant la voix envoûtante de Marine, d'une douceur hypnotique, interprétant la superbe Ballade du Poisson-Rêve. On peut d'ores et déjà espérer que la partie chantée de ce morceau délicieusement mélancolique se rapproche donc de celle que réalisa Jeremiah Sun, plutôt que – au hasard – de la reprise pourtant magnifique de Fox Amoore, hélas uniquement instrumentale. À ce niveau, absolument tous les rêves les plus beaux sont permis : un remake d'un jeu aussi particulier que Link's Awakening sur le plan de la composition musicale exige une instrumentalisation à la hauteur des compositions, surtout en ayant en tête ce que des fans talentueux se sont permis de concevoir entre-temps. Si nous ne disposons à l'heure actuelle d'aucune autre garantie que ces quatre ou cinq secondes de voix féminine perdue dans le néant, et bien entendu que cette reprise guillerette et naïve du thème le plus connu permettant instantanément d'identifier The Legend of Zelda, il est parfaitement légitime et cohérent de croire ici en la meilleure réécriture possible de la merveille que fut Link's Awakening.

 

 

 

 

Une ultime interrogation, là aussi tout à fait légitime, demeure : à qui donc s'adresse un "Link's Awakening Remake", et pourra-t-il autant séduire les jeunes générations, un quart de siècle après nous autres qui avions pu palper sa magie unique du bout des doigts, en ces temps reculés où rien de tel n'existait encore dans le monde du jeu vidéo ? S'il est assez évident que l'écrasante majorité des fans de The Legend of Zelda, davantage fans de cet épisode que d'un autre ou non, revisiteront Cocolint avec plaisir – et ce que le remake soit une franche réussite ou un titre tristement dispensable – l'appréciation qu'en feront celles et ceux ne le connaissant pas reste à définir. Oui, Link's Awakening est une œuvre à part, terriblement touchante et probablement très marquante, et je n'ai aucun doute quant à la capacité de la version Game Boy à bouleverser plus d'un cœur de gamer encore de nos jours, qu'il y ait touché jadis ou le découvre totalement. Néanmoins, son charme originel si particulier se doit d'être retranscrit avec le même talent dans cette version 2019 afin de réussir une opération séduction similaire. Certes, la direction artistique prise, qu'elle nous fasse succomber ou nous dérange, en fera un jeu extrêmement mignon et très certainement charmant à parcourir, mais son impact sur un autre public que celui ayant craqué devant les atouts irrésistibles du titre monochrome n'est clairement pas simple à anticiper. Cependant, il est vrai que Nintendo a sans doute choisi un titre bien spécifique en connaissance de cause : un Link's Awakening modernisé a un peu tout du "portage facile" qui, entre de bonnes mains, court probablement zéro risque de se planter en beauté. Et pour cause : il est tout à fait envisageable que l'éditeur mise sur un des épisodes les plus appréciés des fans, "facile" à refaire d'une certaine façon, pour voir si la mayonnaise prend en vue de retravailler d'autres succès de la glorieuse ère des Zelda 2D. Après tout, en-dehors de Skyward Sword (dont un portage Switch reste espéré par beaucoup, moi le premier !), tous les épisodes sortis sur consoles de salon entre Ocarina of Time et Breath of the Wild ont eu droit à leur réédition améliorée (en 3D ou en HD), et nous savons tou(te)s que Nintendo dispose d'une bien belle réserve de titres à restaurer – notamment du côté de toutes ces aventures de Link d'une autre époque, au style forcément un peu désuet. Qui sait, peut-être que Link's Awakening sera le pionnier d'une nouvelle ère, à sa façon, faute de constituer le remake audacieux et gonflé dont nous pouvions rêver.

 

 

 

 

Fallait-il réveiller Link's Awakening ou rester sur d'éternels souvenirs d'enfance, ceux d'une douce rêverie qui ne meurt jamais vraiment, colorisée ou non ? Le "grand ancien" amoureux de l'œuvre d'origine que je suis aurait tendance à dire que oui, quand même un peu. Bien que disponible sur l'eShop de la Nintendo 3DS, celui que l'on aime considérer comme le meilleur opus portable de la riche histoire de The Legend of Zelda méritait certainement une petite cure de jouvence, notamment pour se laisser apprivoiser par un nouveau public qui adhérera sans doute plus aisément à cette réalisation 3D somme toute très mignonne. Clairement soucieux de respecter le titre de 1993, au point de ne peut-être pas rajouter grand-chose – et probablement pas assez – ce remake dispose néanmoins de nombreux atouts potentiels pour faire taire ses détracteurs hâtifs (vous savez, ces gens n'ayant pas joué à un jeu et le critiquant sans rien savoir !) et surtout, rassurer les sceptiques (celles et ceux dont le ressenti plus pondéré compte déjà bien davantage). Fatalement, des nouveautés sont à espérer pour justifier le plein tarif qui semble s'annoncer, comme a minima un mode "hard" vraiment souhaitable pour ce qui demeure le Zelda 2D le plus facile de tous, et quelques ajouts originaux permettant de renouveler et surtout de moderniser une expérience qui a quand même toutes les chances de demeurer très touchante. Quant à cette fameuse direction artistique qui semble diviser, il ne s'agit ici que d'une question de goût, et si la modélisation du visage de Link vous empêche potentiellement d'apprécier tout le reste, je ne peux pas grand-chose pour vous. Me concernant, j'accueillerai donc The Legend of Zelda: Link's Awakening Remake (dans l'attente d'un titre définitif) avec bienveillance mais prudence quand même, convaincu que la partie artistique me charmera en dépit d'une audace clairement insuffisante, mais quand même désireux que le contenu dépasse le simple portage bête et méchant. Continuons de rêver encore un peu : le jeu vidéo est fait pour ça, et des œuvres comme The Legend of Zelda: Link's Awakening sont là pour nous le rappeler.

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