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Uncharted: The Lost Legacy – Le testament inattendu

Des pavés dans la mer

30 août 2017

 

C'était un peu la surprise de la PlayStation Experience de décembre 2016 : si la conférence s'était refermée sur l'annonce très forte en émotions, et qu'on n'attendait plus, de The Last of Us Part II, Sony avait dévoilé ce que devait être le DLC d'Uncharted 4, transformé pour le coup en stand-alone complet. Mettant l'accent sur les personnages de Chloe Frazer (vue surtout dans le second épisode et au début du troisième, mais totalement absente du dernier volet) et de Nadine Ross (antagoniste d'U4 donc), cet épisode totalement inédit avait pour but de faire suite aux événements de "A Thief's End", sorti en mai 2016, tout en s'affranchissant totalement de son protagoniste charismatique ayant fait le succès de la saga. Fatalement, on était en droit de craindre un opus quelque peu au rabais, développé à la hâte, dans l'ombre d'un quatrième et supposé dernier épisode qui avait été peaufiné plus que de raison, pour le résultat quasi unanime que l'on sait. Naughty Dog nous livre ici le probable testament d'une saga n'ayant jamais déçu en cinq titres, et qui s'apprête à fêter (déjà) son dixième anniversaire à l'automne. Voyons donc si le studio californien a déterré un nouveau trésor perdu, ou s'il est tout simplement abandonné à un dépoussiérage moribond du mythe…



Note sur les conditions de jeu :

 

Ce titre a été joué à partir d'une version dématérialisée sur une PS4 classique (toujours la bonne vieille 1 To aux couleurs d'Uncharted, justement !). Les contenus additionnels inclus (multijoueur du titre "de base" et mode survie) n'ont pas été testés et ne seront pas évoqués ici. Ne disposant pas de PS4 Pro, je n'ai hélas pu tester le jeu en HDR, mais d'autres reviews portent à croire que cette version lui rend un hommage particulièrement magnifique. Les screenshots ont tous été réalisés par mes soins, et j'en profite pour remercier Sony Interactive Entertainment et PlayStation pour la mise à disposition de cette version.

 

 

 

 

L'épisode de l'ouverture ?

 

 

En communiquant assez explicitement sur sa volonté d'offrir un épisode finalement bien plus complet qu'un simple DLC (celui de The Last of Us, Left Behind, durait environ trois heures), Naughty Dog a certes séduit les fans d'une série qu'ils pensaient finie au travers d'un épilogue émouvant et faisant mouche, mais a ravivé bon nombre de leurs inquiétudes. Épisode de trop ? Quid de la prise de risque annoncée au niveau de l'ouverture du level design, maintes fois critiqué pour sa linéarité ? Certes, Uncharted 4 avait donné le ton d'une certaine ouverture avec deux immenses zones aussi magnifiques que denses à explorer, et "ND" n'est pas coutumier des promesses en l'air. Aussi, lorsque l'on entame The Lost Legacy dans les ruelles tortueuses d'une grande ville indienne, on baigne plutôt dans l'illusion d'un labyrinthe aux allures des favelas de Max Payne 3, et il faudra attendre de franchir le cap d'une intro il est vrai visuellement bluffante et spectaculaire pour comprendre exactement ce que promettaient les développeurs. Cependant, le studio n'a clairement rien perdu de ses qualités narratives et de son sens du rythme : le démarrage de Lost Legacy est excellent, mettant en scène avec efficacité tous les éléments scénaristiques qui constitueront son cœur, au travers de mécaniques de gameplay déjà bien connues et qu'on prend plaisir à retrouver. On est clairement sur une extension directe d'un titre dont le moteur est réexploité à l'identique, mais qui va s'en plaindre ? Uncharted 4: A Thief's End constituait un canon de beauté numérique indiscutable, porté en outre par cette patte unique des "Dogs" pour ce qui est de recréer des paysages sauvages aux allures de carte postale – les décors urbains n'étant jamais en reste. Qu'on se le dise, sur l'aspect purement "coquille", cette vraie fausse-extension flatte la rétine plus que de raison, et on n'est pas loin de se demander régulièrement si elle ne surpasse pas son maître, un an après. Le constat est sublime et laisse augurer du meilleur pour l'avenir, à l'heure où la moindre bribe d'information concernant "TLoU 2" est accueillie comme une bénédiction. Cependant, Uncharted 4 traînait derrière lui bon nombre de mécaniques poussiéreuses, surtout au niveau des gunfights et des fameux sauts téléguidés qui en ont irrité plus d'un, et son rythme global assez lent en avait dérangé plus d'un.

 

 

The Lost Legacy trouve heureusement le moyen de se forger une certaine identité, en prenant le parti de proposer une zone ouverte immense et fascinante à explorer, une première dans la série, du moins parfaitement assumée. Si elle n'offre pas autant de points d'intérêt que la concurrence sait en offrir (jusqu'à l'excès) dans ses open worlds pensés comme tels, la section ouverte promise par Naughty Dog tient plutôt bien ses promesses : vaste et incluant plusieurs objectifs réalisables dans l'ordre que l'on souhaite (dont un aussi long que facultatif), elle permet de casser la routine, d'autant plus qu'elle est explorable aussi bien à pied qu'en véhicule. Le tout s'agrémente d'une carte accessible à tout moment et que Chloe (nouvelle protagoniste jouable mais déjà bien connue des habitués de la série) dépliera et enrichira de diverses annotations liées aux points d'intérêt découverts. Cependant, elle reste assez vague et si on apprécie l'effort (indispensable vu l'étendue de la zone), on pourra déplorer sa relative pauvreté, tout comme l'impossibilité d'y marquer un quelconque objectif. Cela incite toutefois à davantage d'exploration, ce qui n'est pas négligeable. D'une certaine manière, Uncharted: The Lost Legacy reprend la structure des derniers Tomb Raider, et surtout de "Rise" : des séquences linéaires avec un peu d'éléments à trouver à gauche à droite (les fameux trésors, mais aussi des points d'observation où Chloe prendra des photos avec son téléphone), qui débouchent sur une très grande zone ouverte. Celle-ci est néanmoins minorée de bon nombre de quêtes annexes, et le titre n'inclut pas davantage d'évolution du personnage et de ses potentielles aptitudes (à une exception près) : Lost Legacy demeure la plupart du temps un TPS bête et méchant avec ses mécaniques efficaces mais toujours assez datées. Fort heureusement, et pour la première fois dans une série qui va donc sur ses dix ans, le personnage jouable acquiert une compétence supplémentaire (et tout à fait facultative) au terme d'une quête annexe sympathique et dont on ne découvre finalement l'utilité qu'en la complétant. Sans spoiler, celle-ci facilitera un autre aspect facultatif du titre par la suite, mais en maintenant un minimum d'exigence envers le joueur, preuve que Naughty Dog a sû faire évoluer sa licence sans en trahir les fondamentaux. Après The Last of Us et ses passages labyrinthiques à souhait (le mémorable hôtel !), et Uncharted 4 et ses deux grosses zones sauvages à explorer librement, le studio apprend le concept de monde ouvert petit à petit, avec une certaine réussite. Qui va s'en plaindre ?

 

 

    

 

 

La volonté d'ouvrir un titre historiquement très cloisonné présente néanmoins un bémol, et pas n'importe lequel : Uncharted est une série qui nous a habitués à ne pas trop sortir des sentiers battus, aussi la première fois que l'on a cette opportunité, on va tenter tout et n'importe quoi, et se heurter aux barrières artificielles quelque peu discutables qui choquaient beaucoup moins dans le contexte d'un titre linéaire et scripté. De nombreux lieux semblent accessibles d'un simple saut mais ne le seront jamais ; à plusieurs reprises, on s'attend à pouvoir grimper à des rebords en réalité non programmés pour cela ; enfin, en plus de quelques murs invisibles choquants et donnant l'impression d'une certaine paresse dans la finition, cet épisode a provoqué (du moins sur ma session de jeu) des bugs totalement jamais vus jusqu'ici dans les productions Naughty Dog : d'abord Chloe qui marche dans le vide à 50 bons centimètres du sol, mais aussi la jeep privée de roues et donc impossible à conduire, ou encore le PNJ allié (Nadine en l'occurrence) disparaissant puis réapparaissant sans prévenir, tout en tenant sa ligne de dialogue… c'est triste à dire, mais en tout cas avant un quelconque patch, Uncharted: The Lost Legacy souffre de quelques errances de finition inhabituelles dans la série. Cependant, rassurez-vous : les soucis du genre furent très rares et surtout remarqués de par leur absence dans les précédentes productions du studio. Tout ceci porterait presque à croire que The Lost Legacy, sous couvert de cadeaux aux fans d'une licence ayant l'habitude de les toucher droit au cœur, a tout d'une répétition grandeur nature en vue de la réalisation de The Last of Us Part II, seul et unique titre en développement du coté des "Dogs". On comprendra heureusement assez rapidement qu'il n'en est rien : comme déjà évoqué en amont, cet épisode à part dispose de sa propre identité, de ses idées, et recèle tout un tas de bons points sur lesquels on va désormais s'étendre, car il n'y a en vérité plus grand-chose à reprocher.

 

 

 

 

Two girls, one crush

 

 

En effet, une fois qu'on aura un peu ragé contre une IA dans le plus pur style Naughty Dog (peu maline et surtout en présence d'un PNJ allié qu'elle ne repère pas, et qui fait un peu n'importe quoi en combat), et déploré l'impossibilité de courir, au moins dans la zone ouverte, il ne reste plus rien à redire ou presque. Le classicisme de la formule de Naughty Dog relève autant du défaut que de la qualité, tant on apprécie cette propension qu'a le studio à nous plonger en terrain connu pour mieux nous immerger dans de véritables terres inconnues. Le rythme de jeu demeure calqué sur celui de "U4", lui-même hérité d'un The Last of Us dont l'influence est toujours aussi présente. Ce qu'il faut comprendre ici, c'est que tout ce qui a fait le charme du quatrième épisode, et que j'avais longuement dépeint dans ma critique de l'époque, est réutilisé avec brio (non, pas le Dr. Nitrus). Pourtant, il est communément admis qu'une des grandes forces de la série Uncharted repose sur son protagoniste, Nathan Drake, beau gosse gaffeur et héros charismatique ne sombrant que rarement dans la caricature. Son absence dans cet épisode "à part" ne constitue pas une faiblesse pour autant, et loin de là. Après avoir fait d'Elena une figure féminine magnifique de crédibilité concrétisant près de dix ans d'évolution du personnage, Naughty Dog a pris le risque de donner le rôle principal à celle qui fut l'égérie de "Nate" le temps d'un épisode, la sulfureuse Chloe Frazer. Il faut bien l'avouer : bien qu'aventurière émérite, cette dernière avait été un petit peu trop mise en valeur pour un "derrière" qu'elle annonçait elle-même comme élément qui manquerait à Drake au cours de ses futures aventures, une fois leurs routes séparées. À l'instar d'une Elena parfaitement maîtrisée dans "U4", Chloe se retrouve à son tour comme dé-sexualisée et propulsée comme une quasi icône féministe dans un jeu qui ne souhaite pas émettre le moindre propos militant pour autant. C'est simple : celle que l'on craignait de n'être qu'une simple potiche badass est une aventurière pleine de personnalité, que l'on prend plaisir à diriger dès les premières heures sans accorder la moindre importance à sa silhouette. En vérité, à l'instar de la "nouvelle" Lara Croft (comparaison qui va inévitablement revenir), Chloe est une jeune femme certes tout à fait séduisante, mais sans aucun excès de charme qui pourrait nuire à la profondeur du personnage qu'elle incarne.

 

 

Je m'étais fendu d'un paragraphe quasi entier dédié à la lettre d'amour à Elena qu'Uncharted 4 constituait ; en toute honnêteté, The Lost Legacy mériterait les mêmes louanges quant au traitement réservé à Chloe et son incroyable évolution. Quasi disparue de la licence après un troisième volet où sa présence se limitait à quelques chapitres en début de jeu, puis littéralement effacée par Elena aussi bien dans le cœur de Nathan que des joueurs, elle avait cependant conservé une certaine cote de popularité auprès de suffisamment d'entre eux pour qu'une aventure exclusivement à ses commandes réjouisse le plus grand nombre. Aussi, on pouvait craindre que l'équation "Uncharted = Tomb Raider au masculin" aboutisse à un "Lost Legacy = Uncharted au féminin = Tomb Raider", mais il n'en est rien. Les similitudes entre les deux héroïnes ont beau être nombreuses, Chloe dispose d'une plus forte personnalité que Lara, en tout cas largement plus que celle du reboot de 2013. Aventurière accomplie de longue date ayant baroudé à travers le monde, elle n'hésite pas à conter ses pérégrinations passées pour rappeler qu'elle est plus que jamais la femme de la situation – et ce aussi bien face à Asav, l'antagoniste du titre, qu'à Nadine Ross, sa partenaire, deux personnages sur lesquels je vais bien évidemment m'attarder. Commençons par Nadine : personnage adversaire de "Nate" dans le quatrième opus de la série, on ne sait pas trop comment elle se retrouve aux côtés de Chloe dans le cadre d'une chasse au trésor, mais le scénario toujours finement écrit prendra le soin de nous l'expliquer, de façon tout à fait convaincante. Nombreux furent les joueurs ayant déploré sa sous-exploitation dans Uncharted 4, votre serviteur en tête, et bien qu'elle ne constitue qu'un side kick à la Victor Sullivan, on ne pourra plus reprocher au studio de n'avoir exploré ce personnage qu'en surface. Très vite, on s'attache au duo pertinent et formidablement bien constitué que forment Chloe et Nadine, pratiquement avec autant de facilité qu'on avait succombé à la complicité de "Nate" et "Sully" il y a dix ans déjà. Il ne serait pas convenable de spoiler les nombreuses raisons justifiant ce ressenti, mais je peux vous assurer qu'après avoir retourné plus que de raison chacun des Uncharted, y compris celui sur Vita qui ne doit par ailleurs pas être laissé pour compte, ce nouveau binôme n'a rien à envier à celui qui fit la force narrative de la saga jusqu'ici. En pensant à The Last of Us évidemment, et même en remontant plus loin avec Jak & Daxter, il ne fait aucun doute que Naughty Dog a un don pour la conception de duos de personnages efficaces.

 

 

 

 

Un héritage tout sauf perdu

 

 

D'une manière générale, l'impression globale qui se dégage de The Lost Legacy est celle d'un titre que le studio a réellement adoré réaliser. En ayant pourtant revu les amibitions du DLC initial à la hausse avec ce titre totalement indépendant d'Uncharted 4, "ND" se mettait une certaine pression : le tarif finalement assez élevé pour un stand-alone (bien qu'incluant le multi de "U4" et son mode Survie en guise de bonus) ainsi que les promesses de durée de vie aux alentours des dix heures avaient de quoi inquiéter des joueurs que les "Dogs" n'ont pourtant pas déçu depuis un bon moment. Pourtant, en dépit du temps de conception probablement assez faiblard en comparaison avec un quatrième volet ultra ambitieux et perfectionné à l'excès, qui mit un bout de temps à voir le jour, The Lost Legacy donne en permanence l'impression d'un jeu vidéo que son équipe a pris du plaisir à concevoir, quand elle ne s'est pas carrément amusée à le faire. En témoignent l'humour toujours présent mais jamais exagéré, les easter eggs dont un rappelant délibérément Left Behind, l'extension de The Last of Us (et faisant l'objet d'un trophée caché que je suis bien content d'avoir trouvé du premier coup), le générique de fin complètement fendard, et j'en passe. Si le rythme est parfois un peu lent comme évoqué plus haut, vu qu'on est clairement sur les bases d'Uncharted 4, on ne s'ennuie jamais véritablement et l'aventure, avec son gros finish très hollywoodien et faisant là encore référence aux plus grandes heures de la série (vous comprendrez, et j'espère que vous apprécierez !), se parcourt quasiment d'une traite. Les dix heures promises sont à peu près tenues du moment que l'on s'abandonne un minimum à une exploration enfin justifiée. Sur le reste, The Lost Legacy reprend tous les éléments d'action-aventure connus et usés jusqu'à la moëlle, y compris ces fameux sauts improbables, toujours trop téléguidés et inconstants, qui ont toujours le mérite d'offrir des sourires de satisfaction dès que l'on se sort d'un mauvais pas à la faveur d'une grimpette salvatrice et presque irréelle. Les décors toujours aussi vertigineux demeurent un plaisir à escalader, d'autant plus qu'ils font la part belle à un peu plus de réflexion que d'ordinaire par moments. D'ailleurs, d'une manière générale, un certain soin a été apporté aux énigmes un poil plus complexes que de coutume, en partie du fait d'une quasi absence d'assistanat, le carnet de notes de Nathan Drake ayant légitimement disparu sans être remplacé. Le joueur sera invité à faire corps avec le cerveau de Chloe uniquement, sans être orienté ou presque, ce qui permet de corser un petit plus un challenge qu'on admettra être relativement faible en-dehors de cela. Allez, si, le dernier chapitre est quand même assez chaud, et même s'il est plutôt long, il offrira la dose d'adrénaline que tout Uncharted exige au moment d'en découdre avec son méchant.

 

 

    

 

 

Parlons-en, justement, du méchant ! Asav, puisque c'est ainsi qu'il se nomme, est peut-être un des meilleurs antagonistes de la série, ce qui constitue une (autre) surprise plus que positive et témoigne là encore d'une volonté de Naughty Dog de ne rien négliger niveau écriture, comme si The Lost Legacy était cet Uncharted 5 qui devrait normalement ne jamais voir le jour. S'il rappelle un peu de chacun de ses prédécesseurs, ce chef de guerre impitoyable mais de toute évidence intéressé par l'archéologie et l'histoire se montre plus profond que Zoran Lazarevic dans un domaine similaire, moins bouffon que Rafe Adler, et bien plus convaincant qu'Atoq Navarro pour ne citer qu'eux. Ses réelles motivations tardent à être révélées, maintenant avec efficacité un suspense qui n'explose que réellement sur la fin du titre (que je persiste à penser très maîtrisée, combat final mis à part peut-être), et il trouve le moyen d'inspirer une certaine crainte tout au long de l'aventure, du fait de son écriture remarquable : en terme de character design, il constitue clairement une bonne idée de plus, n'étant pas en reste aux côtés de nos deux héroïnes déjà fort réussies. Sans spoiler, le scénario trouve également le moyen d'offrir sa petite dose de rebondissements, pas forcément si prévisibles que ça, et propose surtout une assez bonne surprise sur un élément (que je tairai donc) qui avait de quoi faire grincer des dents, avant que la maîtrise narrative de Naughty Dog ne dissipe les doutes. En ajoutant à cela les doses d'humour toujours sympathiques et correctement dispersées tout au long du script, la petite touche d'émotion qui touchera le cœur de plus d'un joueur un minimum sensible au passage en question, "ND" réalise un nouveau sans-faute au regard de ses prétentions. Celles-ci n'étant ni plus ni moins que de nous divertir, de nous émerveiller et de nous évader au travers une aventure agréable, rythmée, et faisant la part belle à des paysages de toute beauté, le contrat est parfaitement rempli. Enfin, pour se poser sur ce séduisant ensemble, la bande originale, de nouveau signée Henry Jackman, reprend quelques thèmes tirées d'A Thief's End tout en proposant de nouvelles compositions toujours très "couleur locale sans excès". Dans la globalité, The Lost Legacy a tout du pot-pourri d'une saga qui ne s'est jamais ratée, tirant le meilleur en terme de technique, d'ambiance, de narration et de rythme, tout en conservant un gameplay solide mais toujours un poil vieillot et pas révolutionnaire pour un sou. Il y a fort à parier qu'aux heures des premières interrogations, on aurait signé pour un résultat aussi positif.

 

 

En effet, et il est vraiment important de terminer sur ce point, The Lost Legacy est une aventure étonnante de justesse dans son ensemble. Rarement en manque de rythme, ravissant constamment nos pupilles et offrant une histoire originale convaincante (bien qu'avec un peu d'exigence, on regrette que le passé de nos deux héroïnes ne soit finalement pas davantage exploré), on ne s'y ennuie jamais et chaque minute que l'on passe en compagnie de Chloe et Nadine nous donne un peu plus l'impression de jouer à cet "Uncharted 5" qui n'existera sans doute jamais, du fait de la volonté de Naughty Dog de mettre un terme à la série avec son quatrième volet. À un tarif qui pouvait faire un peu mal pour un jeu étonnamment peu médiatisé, et sortant à la fin des vacances d'été, c'est aux alentours de dix heures qu'il faudra compter pour venir à bout d'une aventure vraiment complète, solide, clairement au-dessus d'un Drake's Fortune, n'ayant rien à envier à Drake's Deception, et complètement dans le ton de Among Thieves ou d'A Thief's End – comme par hasard les deux épisodes les plus acclamés de la saga. Rajoutons à cela les quelques heures d'exploration annexe et de nombreux trophées assez décalés et amusants à aller débusquer, et on obtient une vraie bonne surprise pour se détendre l'esprit (mais pas trop non plus) et rappeler combien Naughty Dog est un studio exceptionnel de professionnalisme, mais également proche de ses fans, pour leur offrir un cadeau pareil. Le potentiellement très discret The Lost Legacy est tout sauf un épisode secondaire voire oubliable, il est même carrément son contraire : un divertissement quasi parfait dans son genre, que probablement personne n'aurait imaginé recevoir de telles louanges.

 

 

 

 

Nombreux sont les fans de jeux d'action-aventure à avoir spéculé sur le fruit d'une union entre Nathan Drake et Lara Croft. D'une certaine façon, il semble en résulter Chloe Frazer, et ce un peu à la (bonne) surprise générale. Au gré d'une escapade indienne dépaysante et rafraîchissante en compagnie d'une Nadine Ross enfin exploitée comme elle le méritait, notre nouvelle héroïne constitue avec sa nouvelle partenaire un duo de grande qualité qui n'a pas grand-chose à envier aux équivalents (masculins comme mixtes) créés par Naughty Dog durant toute une décennie de maîtrise narrative. En plus d'offrir un scénario original tout à fait prenant, plein de vie, d'humour et d'émotion, les "Dogs" continuent par ailleurs d'asseoir une domination sans pareil au niveau de la technique et du visuel, prolongeant la claque d'Uncharted 4 auprès d'un public qui en reprendra avec grand plaisir. Certes, la jouabilité n'a pas vraiment évolué, on reste clairement en terrain conquis (ce qui est assez ironique compte tenu du titre de la saga, et de ce qu'il sous-entend) et les plus exigeants grinceront toujours des dents sur les mêmes soucis, tandis que les plus indulgents continueront d'apprécier ces séances de grimpette et de balancement improbables, qui plus est aux commandes d'un personnage que tant de fans rêvaient de revoir à l'honneur. En outre, à travers une nouvelle zone globalement pleine de promesses traduisant explicitement les velléités d'ouverture de Naughty Dog, le studio referme (définitivement ?) le chapitre Uncharted en témoignant d'un nouveau potentiel plus qu'encourageant que l'on rêve déjà de voir se confirmer, avec encore plus d'ambition, dans The Last of Us II. Clairement porté par une équipe qui a pris un évident plaisir à le mettre au monde, c'est donc une surprenante réussite que constitue Uncharted: The Lost Legacy, qui nous offre finalement bien plus que l'on attendait de sa part ; sans l'ombre d'un doute, cet excellent titre demeurera un des meilleurs souvenirs d'une année 2017 pourtant déjà très riche à ce niveau.



J'ai adoré / aimé :


+ C'est tout sauf l'épisode de trop

+ Chaque crainte potentielle est envolée

+ Un spin-off de luxe avec sa propre identité

+ Bluffant visuellement et spectaculaire, comme d'hab'

+ Très bonne séquence d'intro qui donne le ton à merveille

+ Chloe Frazer, sublimée, une vraie héroïne de qualité

+ Le duo Chloe/Nadine, dans l'ensemble, très réussi

+ Un antagoniste plus que convenable

+ Des énigmes un poil plus complexes qu'avant

+ L'OST toujours parfaitement dans le ton, très appréciable

+ Une quête annexe sympa qui offre un coup de pouce pertinent

+ Durée de vie étonnamment solide, comme promis par le studio

+ Un titre qui ne se prend jamais la tête, sans ambitions ou prétentions abusives

+ La partie ouverte, c'est vraiment un très bel effort…

 


J'ai détesté / pas aimé :

 

- … mais ça a ses limites, notamment dans la gestion de la carte assez rigide

- Les murs invisibles sont assez grotesques et gênants dans ce contexte

- Quelques petits bugs inhabituels de la part de "ND"

- Une fonction pour courir dans la zone ouverte n'aurait pas été du luxe

- L'IA est toujours très moyenne, le mode de difficulté choisi ne l'améliorant qu'artificiellement

- Un combat final pas terrible, encore un dans la série…

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