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E3 2017 – Giga hype et téraflops

Des pavés dans la mer

19 juin 2017

Et si, pour changer un peu de mes critiques de jeux, je vous livrais ma vision toute personnelle du dernier grand salon du jeu vidéo ? L'E3, cuvée 2017, vient de s'achever, emportant avec lui ses espoirs les plus fous, ses déceptions, ses surprises, ses polémiques… et soyons honnêtes, vous avez déjà un peu tout lu/vu à ce sujet. De fait, à quoi bon vous livrer mon verdict personnel d'un salon que j'ai suivi à travers Internet et non sur place ? C'est justement ici que réside tout l'intérêt (et le concept) de cet article, au-delà de l'aspect "exercice de style" qui m'est cher : proposer une sorte de résumé, étape par étape, des annonces et conférences vues de loin, de la part d'un fan très modérément enthousiaste à l'approche de la grand-messe du jeu vidéo, avec toute la réserve que cela implique. Voici donc mon bilan complètement personnel (et forcément subjectif) de quelques jours rythmés par bon nombre d'annonces, de trailers, de séquences de gameplay offertes par les acteurs majeurs d'une industrie qui se prend toujours un peu plus au sérieux. De l'inattendue expérience co-op promise par A Way Out à l'improbable (bien que rêvée) résurrection de Metroid, en passant par les prétentions tout en 4K de Microsoft, les promesses folles de Anthem ou d'un "BGE2" annoncé à la surprise générale, et le happening déjà légendaire de Shigeru Miyamoto aux côtés d'Yves Guillemot… retour sur une semaine forcément pas comme les autres dans le monde du jeu vidéo.

 

 

 

 

C'est celui qui dit qu'EA

 

 

C'est à Electronic Arts qu'est revenu l'honneur d'ouvrir les hostilités en ce samedi 17 juin. Autant être honnête, nous étions beaucoup à ne pas en attendre grand-chose de plus que des informations sur Star Wars Battlefront II, autant dire qu'à titre personnel je n'en avais tout simplement rien à faire de cette conférence inaugurale. Par souci de professionnalisme (et d'envie d'occuper une fin de soirée que j'admettrai avoir été assez molle du genou), je me suis dit "allez ouais, ça reste l'E3, regardons quand même". Finalement, par certains côtés, ça n'aura pas été une si mauvaise idée. Passé l'aussi interminable qu'ennuyeuse phase dédiée aux jeux de sports (dont la partie la plus intéressante pour moi aurait pu concerner FIFA, licence que je persiste à trouver inférieure à Pro Evolution Soccer en terme de ballon rond), EA a eu la bonne idée de nous sortir de nulle part une nouvelle licence à travers un teaser fortement alléchant : A Way Out. Deux ans après Unravel, Electronic Arts prend à nouveau un développeur indépendant sous son aile (les créateurs du très touchant Brothers: A Tale of Two Sons), et il aura fallu 3 petites minutes pour que j'en tire deux constats. D'abord, j'avais déjà un titre qui m'intéressait et que j'allais sans doute suivre de près. Ensuite, j'étais tenté par un jeu Electronic Arts, ce qui hormis Unravel donc (pas davantage développé par le géant américain) ne m'était pas arrivé depuis une éternité : aucunement client de Battlefield, de FIFA donc, et laissé de marbre par Need for Speed et même par Mass Effect, je n'espérais aucune résurrection du côté de Dead Space ou Burnout et avais appris à ignorer Mirror's Edge depuis bien trop longtemps. Du coup, A Way Out, c'est le gros oui, un titre exclusivement coopératif que je compte me faire avec mon meilleur partenaire de découverte de jeux, en priant pour qu'il tienne ses promesses, car ce serait vraiment trop dommage de gâcher un tel potentiel.

 

 

Par la suite, EA se fendit d'une interminable séquence de gameplay d'un Battlefront II sur lequel il est évident que le studio misait énormément, et on ne va pas trop leur reprocher d'avoir autant mis en avant ce titre. D'abord parce que les fans de Star Wars avaient de quoi se payer un bon moment et de rêver un max, mais aussi parce qu'après un premier volet fortement critiqué en 2015, DICE devait redresser la barre et qu'il fallait vendre des ambitions à un public très exigeant en la matière. L'aspect compétitif fut sans doute exagérément mis en avant, mais force fut de constater que ça envoyait du bois, qu'on soit client de la Guerre des Étoiles ou non. Je ne jouerai aucunement à ce titre, mais la présentation fut efficace, quoique trop longue. Cela reste toujours mieux que Need for Speed Payback, qui s'il proposait une bande-annonce couplée à une séquence de jeu toutes deux fort sexy, ne trouvera pas sa place chez moi – tout comme le DLC de Battlefield 1, encore moins ma came, tout simplement, comme beaucoup de titres durant ce salon… je n'y peux pas grand-chose. Enfin, la surprise vint du côté de Bioware, revanchard après un Mass Effect Andromeda extrêmement critiqué (et qui constitua de toute évidence le seul échec d'un premier tiers d'année rempli de titres tous plus énormes les uns que les autres). En dévoilant Anthem à travers un court teaser visant tout simplement à vendre la conférence Microsoft où il se dévoilerait plus largement, Electronic Arts trouva le moyen de rassurer tous les joueurs inquiets du sort de Bioware et de ses équipes annoncées parties sur un autre titre que le nouveau Mass Effect. Située à peu près en milieu de conférence, cette annonce alléchante eut pour effet d'augmenter l'impatience de certains, y compris chez les fans de Star Wars pourtant bien "saucés" avec la longue séquence Battlefront qui allait s'ensuivre. Ce fut tout le paradoxe de cette conférence : l'annonce fut tellement courte qu'elle ne donna envie que d'une chose, regarder la conférence Xbox pour en savoir plus. Un comble !

 

 

 

 

 

Classé X de Xbox

 

 

Fort heureusement, cela tombait bien vu que 24 heures plus tard, c'est vers la firme de Redmond que tous les regards étaient tournés. Initialement, ce n'était pourtant pas pour en savoir davantage sur Anthem (qui se fit par ailleurs désirer très longtemps, j'y reviendrai), mais plutôt pour une annonce hardware monopolisant toute l'attention. Probable annonce majeure de cet E3 2017, le projet Scorpio allait enfin être détaillé, et c'est bien évidemment par cela que Phil Spencer a lancé les hostilités. "Xbox One X", 4K native, 500 balles, "la console la plus puissante du monde", etc. : une appellation discutable pour un produit clairement de luxe qu'un trailer de Forza Motorsport 7 allait tenter de vendre à un public qu'il ne sera pas aisé de conquérir. Certes, la PS4 Pro demeure une déception (pour ne pas dire une tromperie) auprès des joueurs espérant la vraie 4K, mais en s'attardant sur les spécificités techniques d'un monstre de puissance (au design par ailleurs tout en légèreté et discrétion) plutôt que sur sa potentielle ludothèque exclusive, il y a fort à parier que Microsoft ne se réconciliera pas avec les joueurs attendant d'être séduits par des exclusivités. Ce n'était d'ailleurs pas la peine de proposer un énième portage de Minecraft (le dernier jeu dont on attende une mise à jour en 4K, soit dit en passant). Outre l'annonce prévisible de Forza 7 donc (associée au reveal de la nouvelle Porsche égérie du titre, dans un style très "salon de l'auto"), pas de Halo du tout, rien côté Gears of War c'est en fin de compte du côté de ses autres exclusivités (toutes cross-play Xbox One et PC, donc) que la marque a communiqué. S'ensuivra un intermède émouvant visant à annoncer la suite de Ori and the Blind Forest, intitulé "The Will of the Wisps" : acclamée par le public, cette séquence restera un des moments les plus touchants du salon, avec un passage au piano sur scène de Gareth Coker, compositeur de l'OST des deux titres. En-dehors de ça, on sait ENFIN quand Cuphead va sortir, on a vu du State of Decay 2 ainsi que Crackdown 3 avec l'étrange sensation que plus personne n'en attendait rien, Scalebound n'a pas été ressuscité, et le toujours attendu Sea of Thieves se fit encore une fois désirer grâce à une nouvelle longue séquence de jeu sympathique mais qui commencerait presque à lasser. On ne veut plus rien d'autre du titre de Rare que le voir en rayon et dans nos consoles, merci.

 

 

 

 

Par la suite, Microsoft s'est offert une parenthèse visant à mettre en avant le jeu indépendant, cher à la marque Xbox depuis un bail (on n'est pas sans se rappeler que le Xbox Live, très tôt, avait accueilli une foule de jeux indépendants et s'était imposé comme référence à ce niveau sur consoles). On ne va pas reparler de Minecraft ici, ni même de Ori and the Will of the Wisps, mais plutôt pêle-mêle de Cuphead donc, Super Lucky's Tale (qui a fait frémir un instant ceux qui croyaient à un retour de Conker…), The Last Night et sa DA atypique, ou encore Playerunknown's Battlegrounds, l'énorme carton de ces dernières semaines sur Steam, qui débarque donc sur consoles. De fiers représentants du programme "ID @Xbox", qui compte déjà des centaines de titres comme a cru bon de le rappeler Phil Spencer. Ce dernier souhaita également rappeler que son voyage récent au pays du Soleil Levant, moqué par les détracteurs d'une marque qui peine à s'imposer au Japon (c'est un euphémisme), avait eu pour but de convaincre les développeurs nippons de ne pas se focaliser que sur les machines de Sony et Nintendo. Si on ne pourra que déplorer l'absence de résurrection de Scalebound, Microsoft trouva le moyen de surprendre son monde en présentant en grande première Dragon Ball FighterZ : si personnellement je n'y connais absolument rien à cette série (jetez-moi autant de pierres que vous le voulez, je m'en fous), les fans semblent avoir été marqués très positivement par cette annonce inattendue et d'une certaine qualité.  En effet, assez étrangement, c'est en s'offrant la "world premiere" de titres multi-support très attendus, et en insistant lourdement sur leur affichage 4K exclusif à la "One X", que Microsoft a fait le show. En nous infligeant beaucoup moins de parlotte que d'ordinaire et en reprenant avec succès la recette qui fonctionna chez Sony ces dernières années (peu de discours, enchaînement de bande-annonces et de titres dont pas mal de nouveautés) que la conférence Xbox se rendit très agréable à suivre, vivante et enthousiasmante après un début un tantinet laborieux. Peut-être parce que MS a volontairement oublié l'HoloLens, un peu à l'instar de tout son public d'une certaine façon… ? – NB : je m'en suis rappelé au dernier moment lors de la relecture de cet article et cherchais à le caser quelque part, ça se voit tant que ça ?

 

 

Nous avions d'abord droit à un extrait de gameplay terriblement immersif du tout nouveau Metro Exodus, qu'on aurait presque pu croire en VR (seulement voilà, le jeu montré était beaucoup trop beau pour ça, soyons honnêtes). Le premier événement majeur fut bien entendu l'annonce enfin officielle d'Assassin's Creed Origins. Certes, ça avait fuité d'un peu partout depuis des semaines, mais c'était enfin officiel : après avoir annoncé le retour de la série durant l'année fiscale à venir, Ubisoft révélait en partenariat avec Microsoft son nouvel opus, aux allures de retour aux sources, en espérant filer la même claque que dix ans auparavant. Avec une première bande-annonce d'un des titres les plus attendus de la fin de l'année, on tenait là le premier gros reveal concret de l'E3 niveau jeux, avant que la conférence ne se conclue en concrétisant les promesses de la veille : EA et Bioware présentent Anthem de façon bien plus détaillée, avec du gameplay tout simplement, et il faut l'avouer, c'est bien ici que s'est située la claque de cette première partie de salon. Très beau, fluide, tout simplement captivant, et vendant du rêve à bon nombre de joueurs en mal de titre SF moderne pouvant leur rappeler l'âge d'or de Mass Effect, ce premier contact a tout pour séduire. Histoire de vous donner une idée de l'étendue du potentiel de cette nouvelle licence : même moi qui n'en serai probablement pas client, j'ai été scotché par cette séquence, qui refermait avec beaucoup d'efficacité une conférence Microsoft bien plus séduisante à mes yeux que d'habitude, en dépit d'interrogations toujours légitimes sur l'intérêt d'acheter la marque Xbox pour beaucoup de joueurs. À noter que même s'il s'agit plus d'un gadget qu'autre chose, la rétrocompatibilité intégrale de la Xbox One X avec la toute première console de Microsoft (la Xbox, la première, celle sans "One" ou "X", vous suivez ?) a été annoncée. On pourra donc jouer à Shenmue II sur Xbox One, si ça c'est pas la classe.

 

 

 

 

Bethesda, Devolver, PC, l'heure de la sieste

 

 

Après deux conférences donc, la bande de Phil Spencer posait son empreinte sur un E3 où elle était attendue, et il on pouvait légitimement espérer du lourd du côté du grand rival Sony, mais aussi d'Ubisoft qui nous avait offert d'assez jolis shows ces dernières années, sans parler du nombre toujours important de titres annoncés (quand ceux-ci n'avaient pas fuité avant). Cependant, d'autres acteurs devaient passer par là, et c'est au bout de la nuit (en fait, au réveil, pour beaucoup) que Bethesda devait se donner à son tour en spectacle, suivi par l'improbable Devolver dont on ne savait qu'attendre. Je n'ai pas peur de l'admettre d'emblée : c'est clairement du côté de cet autre éditeur majeur que s'est située la déception. Certes, un peu comme EA, je ne suis pas très client de leurs licences, mais cela ne requiert ni une grosse connaissance de ses productions ni une objectivité à toute épreuve pour avancer que Bethesda tire trop sur la corde avec Skyrim, au point de laisser sous-entendre par la suite que The Elder Scrolls VI n'est pas vraiment à l'ordre du jour. Le cinquième volet de sa série légendaire va sur ses six ans, et il est grand temps de passer à autre chose, même si le portage Switch (embarquant avec lui les trois extensions du mythique jeu de rôle) peut se justifier en tant que soutien affiché à Nintendo et volonté de se tester sur ce support. À tel point que l'annonce de la compatibilité amiibo permettant de jouer avec le skin d'un Link très réaliste demeurera l'une des images fortes d'une conférence vraiment pas folle.

 

 

En-dehors de cela, Bethesda s'est autorisé son petit aparté e-sport pour rappeler que l'éditeur mise clairement dessus, à travers Quake Champions (annoncé l'année dernière), avant de poursuivre dans un certain classicisme. L'heure est à l'entretien de ses licences majeures, à commencer par l'arrivée d'une extension dédiée à… Skyrim dans le jeu de cartes The Elder Scrolls Legends, le "Creation Club" visant à regrouper les mods sur ses RPG majeurs, dont Fallout. Rien à signaler par ailleurs du côté de cette série, si ce n'est un "portage" VR ne semblant pas emballer les foules (idem pour DOOM alors que cela s'y prête carrément davantage !), et "seulement" trois annonces de nouveaux jeux un minimum appréciables. D'abord, on pourra se satisfaire de Death of the Outsider, un stand-alone à Dishonored, série que je suis d'un peu trop loin du fait de sa dimension "vue subjective" mais dont la bonne réputation n'est plus à faire, et surtout, des suites à deux bons titres de l'éditeur. D'abord Wolfenstein II: The New Colossus, mais aussi une suite à The Evil Within, qui fut en son temps (oui, presque 4 ans, ça date) le premier survival-horror aux allures de Resident Evil depuis longtemps malgré sa réalisation en demi-teinte, à cheval sur deux générations. Pourquoi pas… mais cela reste bien maigre et ne justifiait ni de rester éveillé jusqu'aux aurores, ni de se lever une ou deux heures plus tôt. En inaugurant la conférence avec l'univers original de "Bethesdaland", on s'attendait un peu à mieux, surtout côté prise de risques.

 

 

 

 

Puisque l'on parle de conférences tenues à des horaires difficiles à tenir côté occidental, évoquons celle de Devolver. Véritable poil à gratter de l'événement depuis des années, l'éditeur indépendant succédait alors sur scène avec une parodie assumée de conférence que je n'ai pas vraiment suivie, dont je me sens assez éloigné mais qui a l'immense mérite de mettre un petit coup de pied au derrière d'une industrie qui commence à un peu trop se la jouer. C'est rigolo, c'est décalé, le message est passé (avec quelques jeux quand même au passage), mais il y a fort à parier que cette intervention originale ne change pas grand-chose, et que le public y voie une bande trublions passés ici pour divertir pile à mi-chemin de la série de conférences habituellement si sérieuses et bien huilées. Ce sera toujours plus divertissant que le PC Gaming Show, de plus en plus craint au fil des années non pas par la concurrence, mais par un public qui a pris l'habitude de s'ennuyer ferme en le visualisant. Présentée par Intel en partenariat avec Intel pour vendre des produits Intel, cette conférence aura eu le mérite de faire un peu mieux que simplement patienter avant celle d'Ubisoft, pour le coup vraiment extrêmement attendue (voir plus bas). Une extension pour XCOM 2 (et pour pas mal d'autres titres, la conférence étant assez placée sous le signe des mises à jour et autres add-ons), le retour de titres exclusifs Microsoft dévoilés la veille mais pour le PC cette fois (Forza 7, Sea of Thieves, ou encore The Last Night), un peu de réalité virtuelle (il était temps), ou le remaster du légendaire Age of Empires II (qui a dit que ce type de pratique était propre aux consoles ?). Oui, je ne m'attarde pas vraiment sur Devolver et la "conf PC", tout simplement parce que ce ne sont vraiment pas là que se situent mes attentes, qu'à titre purement personnel je n'ai quasiment rien à dire dessus, et que mon lectorat ne s'attend pas davantage à ce que je m'exprime en détail sur ces thématiques délibérément expédiées. Désolé pour celles et ceux qui pensaient naïvement que cet E3 allait m'amener à causer PC et jeux indé (et encore, sur cette seconde partie, je pouvais encore laisser de l'espoir). J'ai plutôt envie de vous parler de lapins, de pirates et d'une incroyable arlésienne.

 

 

 

 

Ubisoft, une carotte en attendant le BGE

 

 

On n'avait qu'une vraie crainte concernant le show d'Ubisoft : que l'absence d'Aisha Tyler, juste qu'ici maîtresse de cérémonie impeccable et taillée sur mesure pour le rôle, se fasse ressentir et que la conférence du studio français soit plus "coincée" que d'ordinaire. Il n'a fallu que quelques minutes pour dissiper les derniers doutes à ce sujet : en révélant enfin officiellement Mario + Rabbids Kingdom Battle (secret de polichinelle pour tous, mais qu'importe), Ubi nous offrait un moment de légende du salon avec l'arrivée sur scène de Shigeru Miyamoto aux côtés d'Yves Guillemot, rien que ça. Au-delà de la perspective savoureuse d'un échange en anglais entre ces deux figures capitales du jeu vidéo, et de la publicité à peine cachée pour les T-shirts Uniqlo x Nintendo de la part du génie japonais, c'était tout simplement l'heure d'une incroyable association qui se concrétisait sous nos yeux. Mario et Miyamoto présents pour lancer une conférence Ubisoft dans un partenariat avec les Lapins Crétins, cela aurait pu avoir l'air d'un coup de pub racoleur si le gameplay mis immédiatement en avant n'était pas réellement intéressant. En entamant son intervention avec une opération séduction aussi efficace et touchante (on repense aux larmes de ce développeur trapu et barbu au premier plan dans le public, émouvantes d'authenticité), Ubi était le premier à vraiment donner envie de lâcher la formule aussi classique qu'irritante "ils ont gagné l'E3". Restait néanmoins à confirmer : davantage d'informations au sujet de titres déjà révélés au cours des semaines précédentes étaient attendues (Assassin's Creed Origins bien sûr, mais aussi Far Cry 5 et The Crew 2 dont les annonces pré-E3 furent quelque peu discutables) ; mais surtout, il fallait de vraies surprises pour contenter les plus exigeants, trop refroidis par les innombrables fuites en amont. Les mauvaises langues – dont fait partie de votre serviteur ! – diront en effet que le nouveau logo dévoilé peu de temps avant le grand salon américain était bien la seule nouveauté à ne pas avoir "leaké" chez Ubisoft depuis des années.

 

 

Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'à quasiment aucun moment, Ubisoft n'a refroidi son audience. Tout juste s'est-on quelque peu ennuyé lors de la présentation du titre VR Transference (qui a laissé part à l'incompréhension plus qu'autre chose), de l'annonce d'un Starlink aux allures de No Man's Sky (peu rassurant, n'est-ce pas ?), ou encore de la bande-annonce de The Crew 2 : certes, c'est spectaculaire, mais on a une impression de déjà vu, au croisement de nombreux titres automobiles, en milieu urbain ou non. Et ce sont à peu près les seuls moments peu mémorables d'une conférence qui, sur le reste, fut toujours dans le bon ton : l'intermède Just Dance annuel tomba à peu près au bon moment pour réveiller les rares endormis, présentant au passage ce qui m'a semblé être le seul titre du salon à sortir sur Wii U (!) et Wii (!!!). Le studio s'est également offert quelques mots sur le nouveau South Park au sous-titre délicieux ("L'Annale du Destin" / "The Fractured But Whole" en VO) maintes fois reporté et qui arrivera enfin à bon port enfin d'année, annoncé une exploitation de la licence sur mobile avec South Park Phone Destroyer (plein d'autodérision…), et sortit d'un peu nulle part une extension en décembre pour Steep qu'on avait un peu oublié, mais qui tombera à point nommé pour préparer les JO d'hiver 2018. Passées ces demi-surprises ou rappels, Ubisoft a bien évidemment pris le temps de davantage introduire Far Cry 5 au public, faisant fi des potentielles polémiques autour d'une critique de la "white supremacy" et s'attardant sur du gameplay après une nouvelle bande-annonce. Mais surtout, c'est la présentation plus complète du très attendu Assassin's Creed Origins, quasi vedette du salon, qui retenait l'attention générale.

 

 

 

 

L'extrait dévoilé lors de la conférence Microsoft pour enfin annoncer le retour d'Assassin's Creed avait évidemment donné envie d'en (sa)voir plus, même si une réserve était déjà posée sur la modélisation des visages des personnages – une tare récurrente de la série, surtout sur la génération de Unity ou du remaster Ezio's Collection, moqués pour certains PNJ franchement ratés. Ne jouons pas la fine bouche : les ambitions sont telles pour cet opus qu'on pardonnera quelques soucis de finition si le reste du titre est à la hauteur. Non, vraiment, il n'y a que cette séquence aberrante montrant un développeur tester le jeu sur un écran minuscule et filmé de dos avec les reflets (!!!) qui aura déçu, le reste de la présentation donnant juste méchamment envie. Puisque l'on parle Assassin's Creed, l'une des surprises est venue de l'héritier improbable de Black Flag en la personne du "jeu de pirates" Skull & Bones. De quoi assassiner le Sea of Thieves de Microsoft ? Ce qui est sûr, c'est qu'Ubisoft Singapour reprend ici toute la base des phases navales des AC de la saga américaine (III, Black Flag, Rogue) dans un jeu aux allures de combat PvP spectaculaire mais dont la formule pourrait tourner en rond façon For Honor à terme, et m'a laissé sceptique pour ma part, en attendant de vraiment connaître le fond du titre. Ce qui est sûr, c'est que son atmopshère est plus qu'alléchante, mais reste à proposer un gameplay attirant, et c'est à ce sujet que je poserai ma réserve personnelle. Avec cette nouvelle licence surprise, des confirmations et des bonnes surprises, malgré l'absence (par exemple) de Splinter Cell dont le retour était attendu, Ubisoft aurait tout à fait pu en rester là et conclure son intervention en laissant une bonne impression : mais il fallait un "one more thing", le truc qui tabasse, qui marque un E3, et Ubi l'a osé. Arrivée sur scène de Michel Ancel, lancement immédiat d'un trailer, logo d'Ubisoft Montpellier, ambiance résolument réaliste, non ce ne sera pas Rayman. C'est mieux. C'est Beyond Good & Evil. Il faudra près de 3 minutes d'une bande-annonce à couper le souffle de bout en bout pour que le titre vienne enfin rassurer même les plus sceptiques : oui, une des plus grandes arlésiennes du jeu vidéo est tombée. Présenté par un Michel Ancel lui aussi très ému, Beyond Good & Evil 2 n'est plus qu'un fantasme, il est enfin réalité. Et ce même si on attendra longtemps pour poser nos mains fébriles dessus, la plus grosse surprise de l'E3 2017 est là, quelques heures avant une conférence Sony qui aura du pain sur la planche pour réaliser la passe de trois (non, pas le salon) aux yeux de celles et ceux estimant que le studio japonais était sorti vainqueur des deux précédentes éditions.

 

 

 

 

Sony, la passe d'E3 ?

 

 

Ce n'est pas faire preuve de subjectivité que d'avancer que Sony avait réalisé des conférences PlayStation de très haute volée en 2015 et en 2016. Annonçant de très nombreux titres, majoritairement exclusifs (au pire temporairement…) à sa PS4 toujours mieux vendue à chaque mois qui passe dans le monde, le géant japonais avait pris l'habitude de la jouer sobre sur scène, avec un seul intervenant généralement, un ou deux intermèdes musicaux joués live, et des successions d'annonces en pagaille. La formule devait être reproduite pour cette édition 2017, restait alors à voir des surprises (Sony s'étant spécialisé dans l'annonce de nouvelles licences sorties de nulle part de la part de ses studios sous contrat) et des confirmations de dates/fenêtres de sortie pour les titres déjà annoncés en 2016. Si Kojima Productions avait annoncé au préalable que Death Stranding, son mystérieux projet révélé à l'E3 2016 au prix d'un happening imprévisible, serait absent du salon, on pouvait légitimement espérer du nouveau sur Gran Turismo Sport (à défaut d'avoir quoi que ce soit à se mettre sous la dent concernant le "vrai"septième volet) en réponse à Forza 7 par exemple, savoir sur quoi travaille donc Sucker Punch (un nouveau inFamous ? le retour, enfin, de Sly Cooper ?), mais surtout et par-dessus tout, pitié, bon sang, n'importe quoi sur la suite si attendue de The Last of Us balancée en clôture de la dernière PlayStation Experience. Si j'ai volontairement choisi d'évoquer ces titres au niveau des attentes, ce n'est même pas en relation avec ce qui a vraiment été montré lors de la conférence, mais tout simplement parce que mes espoirs personnels se situaient majoritairement ici, et cela au-delà des God of War, Days Gone ou Detroit également espérés de mon côté, mais à un degré moindre. Vu que vous savez déjà certainement à quoi s'est résumée la conférence Sony au moment où vous lisez cette analyse, vous devinerez que je suis pas mal resté sur ma faim. Mais il n'y a pas vraiment que ça : retour en détail sur une série en cours quelque peu manquée du côté de PlayStation, de mon point de vue bien sûr, tendance qui semble toutefois s'être généralisée à l'ensemble des joueurs ayant vécu ce salon de près ou de loin.

 

 

Dans un premier temps, Sony a jugé pertinent de nous rappeler que Uncharted: The Lost Legacy sortait dans un peu plus de deux mois, avec une nouvelle bande-annonce. Rien à redire sur cette dernière, qui laisse supposer un spin-off à la hauteur de la série, six mois après son annonce à la "PSX" 2016. Puis ce fut au tour de Days Gone, révélé au précédent E3, de s'afficher au travers d'une séquence de gameplay conséquente et plutôt alléchante, confirmant que Bend Studio s'en tire très bien pour sa première expérience sur console de salon depuis les très oubliables Syphon Filter sur PS2 il y a déjà dix bonnes années. L'apparition du logo de Guerrilla, juste après, rappela l'annonce fracassante de Horizon Zero Dawn deux ans plus tôt, et ce fut justement pour en annoncer le DLC "The Frozen Wilds", rafraîchissant comme il faut en ce moment. On continue avec des nouvelles présentations de titres déjà annoncés en 2016, voire avant ? Allons-y gaiement. Du God of War (le reboot impressionnant qui avait ouvert la précédente conférence de Sony), du nouveau sur Detroit: Become Human, le nouveau titre de Quantic Dream, et surtout une conclusion en compagnie du Spider-Man d'Insomniac avec un très, très long extrait in-game blindé de QTE : un titre impressionnant mais qui laisse plein d'interrogations quant à son gameplay. Pas de "TLoU 2" donc, pas de GT Sport, aucune annonce concernant Gran Turismo tout court du reste (on rappellera que la série fêtera ses 20 ans en 2018, l'occasion d'espérer quelque chose peut-être ?), mais surtout, et c'est là l'énorme surprise (négative) du côté de PlayStation : aucune nouvelle licence n'a été annoncée. Certes, il y a eu quelques nouveautés, et de vagues surprises, sur lesquelles je vais ensuite revenir, mais il y avait de quoi refermer le chapitre Sony de l'E3 2017 avec une grosse pointe d'amertume. Là non plus, comme pour Bethesda, ça ne valait pas le coup de veiller tard. Je ne pensais pas me satisfaire après coup d'avoir visionné cette conférence au réveil en léger différé…

 

 

 

 

Je ne m'attarderai pas sur le passage Activision, parce que je me désintéresse (pour rester poli) de la majorité de ses productions, un peu comme du côté d'EA, et plus particulièrement au niveau des titres multi-support présentés exclusivement chez Sony durant cette conférence. On a vu du Destiny 2 (brièvement) ainsi que du Call of Duty: World War II et ce sera tout ce que je dirai à leur sujet ; et non, je promets que je n'ai touché aucun centime pour les citer, je ressentais juste le besoin d'être exhaustif et de justifier mon ressenti vis-à-vis de chaque intervention des constructeurs et des éditeurs. Sony a également tenté de rappeler que le PlayStation VR existe, qu'il faut s'en servir, et a annoncé pas mal de jeux compatibles et surtout exclusifs à son casque de réalité virtuelle sur lequel il mise toujours beaucoup : techniquement, ce sont même davantage de nouveaux titres qui ont été annoncés pour le PSVR que pour PlayStation 4. On retiendra à ce niveau que le forçage sur Skyrim s'étend à la VR, puisqu'une édition spécifique a été présentée à l'occasion, que ce ne sera guère mieux côté exploitation de Final Fantasy avec un jeu de pêche basé sur l'univers de FFXV ; mais de vraies nouveautés étaient aussi au programme, comme Farpoint, Starchild… ou encore l'étonnant (et angoissant) The Impatient, par les créateurs d'Until Dawn, ce qui est une référence plutôt encourageante. Finalement, la seule vraie grosse surprise aurait pu se situer du côté du reveal de Monster Hunter World, avec un retour annoncé de la licence phare de Capcom sur consoles de salon. Seulement, vu qu'il ne s'agira pas d'une exclusivité PlayStation, il y a de quoi tirer la tronche. Du coup, une seule nouvelle exclusivité PS4 a été annoncée, aux allures de bonne grosse blague : Shadow of the Colossus, aussi mythique soit-il (et dieu sait combien je dois faire preuve d'objectivité pour écrire ça), est de retour. Déjà remasterisé sur PS3 dans une compilation aux côté de ICO (qui est meilleur, pour rappel), on pourra quand même apprécier qu'il s'agisse d'un véritable remake du second jeu de Fumito Ueda, qui plus est développé par Bluepoint. Pour rappel, ce studio s'est spécialisé dans les remasters d'excellente facture, parmi lesquels la collection ICO + Shadow of the Colossus HD sur PS3 déjà, ceux de God of War et Metal Gear Solid sur la même génération, ou plus récemment Gravity Rush Remastered et la très appréciée Nathan Drake Collection. Reste que c'est bien maigre et que Sony l'a jouée en mode force tranquille, ce qu'on peut autant comprendre que leur reprocher : dans l'ensemble, c'était solide, mais sans risques. Espérons juste que les promesses concernant toutes ces sorties alléchantes pour 2018 (God of War, Days Gone, Detroit, Spider-Man…) seront tenues, car au moins, de la grosse exclu il y en aura du côté de Sony ! Et le meilleur reste encore à venir…

 

 

 

 

Nintendo, ou l'art de tout péter en un visuel

 

 

Cela fait désormais quelque temps que Nintendo ne s'encombre plus de conférences. On a pu de toute façon constater que Shigeru Miyamoto n'avait pas besoin de cela pour jouer les vedettes du salon, invité de luxe de la conférence Ubisoft à l'annonce du premier jeu exclusif Nintendo présenté durant l'E3 : Mario + Rabbids Kingdom Battle, évidente exclusivité Switch. C'est d'ailleurs essentiellement sur cette console qu'allait se focaliser le court Nintendo Direct lançant la journée du mardi à Los Angeles, suivi par un long marathon de streams et de présentations sur canapé, le Nintendo Treehouse. Format quelque peu sur le déclin depuis la disparition du regretté Satoru Iwata, cette vidéo de présentation dut cette année son salut dans un premier temps à Reggie Fils-Aimé, homme de spectacle assumé, mais aussi au contenu fortement "engageant" de l'événement. On savait que les DLC de The Legend of Zelda: Breath of the Wild à venir allaient être détaillés, et les bande-annonces les détaillant renforcèrent encore un peu plus l'incroyable aura dont bénéficie le titre majeur de lancement de la nouvelle console de "Big N". Non content de disposer d'une durée de vie colossale (un peu comme ma critique du jeu, des fois que vous l'ayez ratée), "BotW" s'enrichit de nouveaux contenus visant à prolonger encore un peu plus une expérience incroyable qui a déjà séduit un sacré paquet de joueurs – le tout moyennant un "expansion pass" à 20 €, ce qui est relativement honnête en comparaison des habitudes du milieu. Ce Direct était également l'occasion de présenter plus en profondeur l'autre system-seller attendu de la machine en la personne de Super Mario Odyssey, dévoilé davantage à travers une bande-annonce plus explicite sur les possibilités de gameplay, majoritairement axées autour de la casquette pleine de vie de Mario (Cappy de son nom). Celui-ci fut un peu plus introduit au public lors du "Treehouse" qui suivit, laissant augurer du meilleur tout en inquiétant les fans les plus attachés aux fondamentaux de la saga. Ça ne vous rappellerait pas un certain Zelda sorti récemment, des fois ?

 

 

Cependant, rappelons que Nintendo, ce n'est pas que Mario et Zelda, c'est aussi des valeurs sûres de plate-forme 2D choupi à souhait : et allez, on vous balance les bande-annonces d'un nouveau Kirby, et puis d'un nouveau Yoshi aussi, tous deux à venir en 2018, sans plus d'indications. Et vas-y qu'on tease sur un futur RPG Pokémon sur Switch pour confirmer les rumeurs et emballer les fans. On en profite pour rappeler la sortie de Mario + Rabbids, que ARMS est sur le point de sortir, tout comme Splatoon 2 un mois plus tard, et que ces deux titres feront l'objet de compétitions à l'E3 mais aussi dans le programme e-sport de la firme, le tout nouveau projet "Nintendo Versus". Un concept auquel sera rattaché Pokkén Tournament DX, déjà dévoilé en amont de l'E3 lors d'un "Pokémon Direct". C'est que ça commence à faire beaucoup de jeux sur Switch dites donc, surtout qu'on nous ressort Skyrim avec l'utilisation de l'amiibo Link, et qu'on rappelle que le très prometteur Xenoblade Chronicles 2 sortira enfin d'année.  Ah, et on me murmure dans l'oreille que Fire Emblem Warriors, spin-off de la série orienté musô, intègre également un line-up qui commence à ne plus faire marrer personne, mais qu'on va commencer à prendre très au sérieux. Puis pendant qu'on y est, pourquoi ne pas annoncer carrément un portage de Rocket League, véritable pépite du multi local complètement pensé pour une telle console, et agrémenté de skins aux couleurs des principales licences Nintendo ? On y est : la Switch est pleine de titres à venir, qu'il s'agisse de suites ou de portages, on est bien loin des débuts laborieux d'une Wii U déjà oubliée de tous – y compris de la firme de Kyoto. Pourtant, il manquait un truc. Une vraie surprise, une annonce de fou, le truc qui nous fait aimer Nintendo sur quasiment trois fois rien. Et alors qu'on ne l'attendait plus, ils l'ont fait. Pas de F-Zero (faut p'têt pas déconner), pas (encore ?) de Smash Bros. pour Switch, non, peut-être mieux et plus fou encore. Une vidéo de vingt secondes, avec un ciel d'un noir d'encre égayé de quelques étoiles, puis un logo aux allures de claque interstellaire.

 

 

 

 

Mesdames et messieurs, Nintendo a annoncé un Metroid. Mieux, ils ont annoncé Metroid Prime 4, bon sang. Même si ce n'est qu'un vulgaire placeholder et qu'il fut rapidement annoncé que Retro Studios ne travaillerait pas dessus (de quoi espérer du nouveau côté Donkey Kong Country, du coup ?), c'est une annonce "à la BGE2" que Nintendo a sorti là. Et pour bien la compléter et témoigner que non, la firme japonaise ne creusait pas la tombe de Metroid après avoir copieusement ignoré son trentième anniversaire l'an passé, le "Treehouse" mit rapidement à l'honneur l'encore plus inattendu Metroid: Samus Returns, remake du second épisode sorti sur Game Boy. Un Metroid 2D sur 3DS, complètement jouable et très avancé, tout simplement balancé comme ça à 3 mois de sa sortie : ça, c'est le Nintendo qu'on aime. Un peu comme trop souvent, c'est quand on se met à les haïr, à ne plus croire en eux, qu'ils se rappellent au bon souvenir d'une fanbase caressée dans le sens du poil, rajoutant au passage une nouvelle série d'amiibo en tous genres liés à Mario Oddyssey, aux quatres prodiges de Breath of the Wild, à Fire Emblem, et incroyable mais vrai, même à Metroid (celui du Métroïde, transparent et malléable, mais mon dieu !!). De là à dire que Nintendo est le grand vainqueur de cet E3, il n'y a qu'un pas que je ne saurai franchir. Sans s'offrir une conférence de haute volée comme se l'est permis Ubisoft (voire Microsoft à un degré moindre), celui que l'on aime appeler "l'Apple du jeu vidéo" s'est distingué essentiellement en bien, a su offrir de belles surprises et faire plaisir à ses fans : sérieusement, que leur demander de mieux ? Pas grand-chose en vérité. Les annonces et streams ayant suivi furent certes un poil longuets (il faut aimer se farcir le style très particulier d'un Fire Emblem Warriors pendant une demi-heure, hein…), mais très encourageants pour la suite (Xenoblade 2 envoie drôlement du bois). Nintendo, non seulement, n'abandonne pas encore la 3DS comme on le craignait (même si 2018 a de fortes chances d'amorcer son déclin définitif), mais envoie un signal fort à tous les possesseurs de Switch, actuels comme potentiels, convaincus comme sceptiques : sa nouvelle console est très bien née, un gros jeu "first party" y sortira tous les mois jusqu'à la fin de l'année, et le constructeur continue de la promouvoir comme il faut. Et si loin de la bataille des téraflops, loin d'une réalité virtuelle à la pertinence toujours discutée, c'était bien elle, la console pour tous du moment, voire de demain ?

 

 

 

 

Ainsi s'achève ce bilan d'un E3 qui m'avait très, très modérément enthousiasmé en amont, avant de finir par me laisser quand même pas mal d'étoiles dans les yeux, le tout sans être pour autant passé par la case Hollywood. C'est bon signe, je ne vieillis pas encore trop vite, et ça veut aussi dire que constructeurs et éditeurs savent encore vendre du rêve. En s'affranchissant globalement de pas mal de lourdeurs et de prétentions pharaoniques et en allant directement à l'essentiel, à savoir les jeux, Ubisoft, puis Sony (malgré une certaine frilosité) et Nintendo ont succédé à une conférence Xbox encourageante mais qui laisse toujours aussi sceptiques les joueurs non clients de Microsoft. C'est dommage tant on sent une marque qui, en maintenant quinze années complètes implantées dans le secteur du jeu vidéo console, s'est forgé une vraie image et s'y accroche. Reste qu'aucun des trois constructeurs ne s'est davantage distingué qu'un autre, chacun présentant ses forces (jeux présentés, rythme de conférence, gestion du temps de présentation…) ou ses faiblesses (absence de vraie "hype" sur scène, baratin technique, interrogations sur le devenir des titres les plus ambitieux). L'E3 se referme avec son lot de promesses, vraiment plus près des étoiles cette année, tant les deux annonces les plus marquantes et inattendues demeureront celles de jeux qu'absolument plus personne n'attendait et qui nous enverront à coup sûr dans des planètes fascinantes. Oui, d'une certaine façon, Ubisoft (avec "BGE2") et Nintendo (avec Metroid Prime 4), vous avez marqué les esprits un peu plus fort que les autres. Peut-être même davantage lors de votre improbable union symbolisée par ce duo déjà mythique constitué sur scène un chaud lundi de juin. Reste à tenir vos promesses dans cet univers impitoyable que le jeu vidéo est devenu. Faites-nous rêver, et ça vaut aussi pour les autres, qui ont du talent et des merveilles à revendre aussi. Faites-nous rêver avec du jeu vidéo, jouable, fun et enivrant, tout simplement.



J'ai adoré / aimé :


+ Beyond Good & Fucking Evil 2, what else?

+ Nintendo n'a donc pas oublié Metroid !

+ Microsoft, une conférence longue mais de qualité

+ Mario + Rabbids, ça a l'air méchamment cool

+ A Way Out, LE jeu dont on veut en voir plus

+ God of War, Days Gone, Detroit : vivement 2018 côté PlayStation !

+ Super Mario Odyssey, "le Breath of the Wild de la série"

+ Ori and the Will of the Wisps… toi, tu sors quand tu veux, hein

+ La conférence Ubisoft dans son ensemble, gros coup de cœur

+ C'est bon de revoir Assassin's Creed ET l'Égypte dans un jeu vidéo

+ Forza 7 même si je ne suis pas près d'y jouer dans les conditions optimales

+ Les séquences in-game de Metro Exodus et Anthem, vraiment prenantes

+ Devolver parce que ça fait du bien de se marrer un coup…

 


J'ai détesté / pas aimé :

 

- … mais aussi Devolver, parce qu'au final, était-ce bien utile ?

- Bethesda qui ne prend pas de risques et nous ennuie

- Sony, trop sûr de soi, moins de panache que les années précédentes

- L'overdose de Skyrim : c'est un jeu de 2011, qu'on passe à autre chose !

- Le remake de Shadow of the Colossus : sérieusement, Sony ?

- Les absents (surtout côté Sony en fait)

 

 

Bonus –  Les "OSEF" de l'E3 :

 

• La Xbox One X, gadget pour gros budgets (et assumé comme tel !)

• Le nouveau Need for Speed : pas mal mais quoi de vraiment neuf ?

The Crew 2, globalement pour les mêmes raisons

Skull & Bones, un engouement hélas très vite retombé

• Le PC Gaming Show, même s'il était mieux qu'en 2015 et 2016

• La présentation de Fire Emblem Warriorzzzzzzzzz

• La partie sports de EA, vraiment "too much"

Minecraft en 4K : LOL MDR PTDR

Spider-Man : séquence trop longue, et "inquiétant" côté QTE

• La réalité virtuelle : faut-il vraiment encore insister ?

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